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Alafair Burke et Alexandre Galien

Publié le par Alexandre Anizy

Pour un voyage ferroviaire ou bien pour la plage, deux polars bien cadrés.

 

Nous avons hésité dans la librairie : quand on apprécie beaucoup James Lee Burke, il faut craindre la déception en lisant un livre de sa fille Alafair (La fille du quai, poche). Ce fut un achat par défaut, mais nous eûmes une bonne surprise : une architectonique de qualité.

Pour Alexandre Galien et Les cicatrices de la nuit (Fayard poche), le fait qu’il ait reçu le prix du Quai des Orfèvres rassura, et en effet la pitance nous rassasia.  

Mais pour l’une comme pour l’autre, après avoir lu Maigret et l’affaire Nahour (poche) et même En eaux dangereuses de Donna Leon, on se dit que le style est perfectible.   

 

Alexandre Anizy

 

De l'écriture selon Jim Harrison

Publié le par Alexandre Anizy

 

39

 

A la prochaine mensualité je vous livrerai Crazy

  Horse et Anne Frank,

leurs conversations rapportées par Matthieu,

  l’évangéliste célèbre

qui avait coutume, comme tous les scribes,

  d’y mettre un peu sa prose.

Dieu est dur. L’écriture correcte de la terre pourrait

  être entreprise

sur un bristol moyen, si nous n’étions pas ivres de

  notre propre sang.

 

Jim Harrison

L’éclipse de la lune de Davenport. Et autres poèmes.

Table ronde, la petite vermillon, mai 2018

 

Le graillon de Claire Baglin

Publié le par Alexandre Anizy

Une brève avait attiré notre curiosité sur le premier roman de Claire Baglin : peut-être une autrice qui a de l’estomac, avions-nous pensé ?

 

Que nenni ! Lorsque nous mettons En salle (éditions de minuit, 2022) dans la liseuse, à peine avons-nous avalé vingt pages que le menu et la sauce apparaissent maigre et indigeste, si bien que nous sautons les obstacles, comme on l’apprend sur le tas, pour laisser une chance au produit… Mais rien à faire ! Il rejoint les eaux usées de la République des lettres. 

 

Alexandre Anizy

 

Feu le couple franco-allemand

Publié le par Alexandre Anizy

Un éclair de lucidité a frappé le ligueur libéral-radical Nicolas Baverez : empressons-nous de le saluer !

 

Aujourd’hui dans son éditorial, Baverez constate enfin le mythe du couple franco-allemand. S’il le fait forcément avec dépit, comme tous les cocus, son inventaire non exhaustif des écarts allemands est sans appel :

«  L’Allemagne a toujours âprement défendu ses intérêts en Europe, et notamment ceux de son industrie. Quand la France se contente de parler de souveraineté, l’Allemagne l’exerce. C’est ainsi qu’elle fit financer sa réunification par ses partenaires à travers les taux d’intérêt élevés des années 1990, qu’elle restaura la puissance de son industrie grâce à la dévaluation compétitive réalisée par l’Agenda 2010, qu’elle configura le marché européen de l’énergie pour accompagner sa sortie du nucléaire, qu’elle ouvrit les frontières de l’Union aux migrants pour résoudre son déficit de main-d’œuvre, qu’elle exporta le « Dieselgate » de Volkswagen à l’ensemble de l’industrie automobile européenne, qu’elle prit le contrôle de la politique européenne de l’espace. »

Et maintenant l’Allemagne se lâche en achetant des avions américains F-35, ce qui est la négation du projet d’avion européen qu’elle voulait impérativement codiriger sans en avoir les compétences techniques et industriels, en aspirant devenir la plateforme logistique de l’Alliance puisqu’elle veut être le maître d’œuvre d’un bouclier antimissile propre à l’Europe centrale et orientale qu’elle veut étendre à 36 pays !  

Bref, le couple franco-allemand était « un mythe asymétrique, cultivé par Paris [c’est-à-dire, en toute honnêteté, par tous les ligueurs européistes comme Baverez] pour tenter de compenser le décrochage de la France ».  

 

Incapable de reconnaître son aveuglement passé et a fortiori de changer de logiciel d’analyse, Nicolas Baverez n’écrit donc pas comme nous, ici-même, que la folie allemande se met en branle en 2022 pour le grand bénéfice des Etats-Unis, à qui elle doit tout depuis sa grande clémence de 1945…  

            Mais pire encore, Nicolas Baverez persiste à inoculer le venin de la soumission lorsqu’il conclue : « [La cathédrale européenne (sic !)  ̶  à ce genre d’expression, on distingue le fanatisme européiste] peut encore être sauvée mais à trois conditions : le redressement de la France indissociable de ses intérêts en Europe ; la remise en question par l’Allemagne de son modèle mercantiliste ; la construction d’une Union politique qui articule souveraineté nationale et souveraineté européenne. » Il n’y a qu’un rêveur bourgeois français pour propager de telles fadaises.   

 

Puisque les cons se surpassent, le pire est à craindre pour la France.   

 

Alexandre Anizy  

Burn-out d'une lettrée par Valérie Rouzeau

Publié le par Alexandre Anizy

 

Des heures de nuit des heures de jour je fais

mon temps je pointe quoi passe

Poèmes à la chaîne j’avance bien j’oublierai

peut-être au bout tout

Si je détache mieux mes syllabes de mon sen-

timent dans le vide si je tiens le rythme d’enfer

M’évertue à poursuivre juste sans sauter une

seule ligne de chance j’oublierai peut-être au bout

tout

Tellement tout sera loin au bout après des

saisons de peine lourde mon boulet sous des tas

de feuilles

 

Valérie Rouzeau

(Va où, éditions La Table Ronde, collection la petite vermillon, 2015)

De Maurizio De Giovanni

Publié le par Alexandre Anizy

Pourquoi maintenant ?

 

Sur la grande plage entre Stella et le site de thalassothérapie du Touquet, nous marchions paisiblement avec le souffle d’un vent frais et le murmure de la mer en fond sonore, quasiment seul tandis qu’au loin les foules s’agglutinaient de part et d’autre. Dans ces moments-là, l’esprit vagabonde, sautant allègrement d’un sujet à un autre, et il s’attèle parfois à un bilan. Ce jour-là, nous dressâmes le nôtre concernant les polars italiens : un pays aussi cultivé ne se résume certainement pas à trois figures prestigieuses comme Andrea Camilleri (lire ici ), Valerio Varesi (lire ici ), Giorgio Scerbanenco (lire ici ).

 

C’est pourquoi nous tombâmes sur Maurizio De Giovanni.  En commençant par La méthode du crocodile (12-21 éditions), série de l’inspecteur Lojacono, dont voici l’incipit :  

« La Mort descend sur le quai numéro trois à 8h14, avec sept minutes de retard. Elle se fond dans la foule des migrants journaliers, ballottée entre les sacs, les mallettes et les valises, qui ne sentent pas son haleine froide. La Mort marche d’un pas hésitant, se protégeant contre la hâte des autres voyageurs. »

Comparons avec le deuxième paragraphe de L’hiver du commissaire Ricciardi (Payot-Rivages, 2015), série dont il est préférable de suivre l’ordre calendaire des saisons :

« L’homme qui ne portait pas de chapeau savait, bien avant de l’avoir vu, que l’enfant mort était là : il savait que son profil gauche, celui qu’il verrait en premier, était intact ; alors qu’à droite, le crâne avait disparu sous le choc, l’épaule avait pénétré la cage thoracique et l’avait défoncée, le bassin s’était enroulé autour de la colonne vertébrale brisée. Et il savait aussi qu’au troisième étage de l’immeuble d’angle qui jetait, en ce début de mercredi matin, une bande d’ombre froide sur la chaussée, les volets étaient fermés ; un drap noir restait accroché à la partie la plus basse de la rambarde du balcon. Il ne pouvait qu’imaginer la douleur de la jeune mère qui, contrairement à lui, n’allait plus jamais revoir son fils. Tant mieux pour elle, pensa-t-il. C’était un supplice. »

Naples à deux époques distinctes et par conséquent deux phrasés différents, avec des personnages dont les caractères sont travaillés en profondeur, et toujours la qualité architectonique. 

 

Maurizio De Giovanni joue dans la cour des grands.

 

Alexandre Anizy

 

Jim Harrison saves the USA

Publié le par Alexandre Anizy

Il ne faut donc pas désespérer.

 

34

 

C’est au sixième siècle que les chrétiens

voulurent que les bêtes ne soient pas acceptées au

  royaume des cieux.

Sabots, ailes et pattes ne savent pas mettre d’argent

  sur le plateau de la quête.

Leurs cervelles pleines de merde, ces cinglés ont

  exclu nos animaux aimés.

Théologiens, comptables, la même chose vraiment,

  clique unique

des évangélistes de la télé, autant de virus planqués.

 

Jim Harrison

L’éclipse de la lune de Davenport. Et autres poèmes.

Table ronde, la petite vermillon, mai 2018

Pérez-Reverte en 36

Publié le par Alexandre Anizy

Dans l’Espagne de 36, il n’y avait pas d’ange. Mais peut-il y en avoir dans une guerre ?   

 

En 2007, nous reconnaissions déjà le talent d’Arturo Pérez-Reverte (lire ici ) ; en 2016, il publiait Falcó (pour la traduction française : Seuil, 2018), roman d’espionnage dans la guerre d’Espagne. Son antihéros est un mercenaire à qui les « nationalistes » confient une mission : en zone républicaine, sortir de prison Jose Antonio Primo de Rivera, le chef de la Phalange.

Connaissant historiquement la fin, le lecteur s’intéresse alors à l’intrigue, à la profondeur psychologique des acteurs, à la présentation des personnages réels inclus dans la fiction. L’auteur sait l’Histoire et il maîtrise son art : le tableau général est grisâtre comme l’âme humaine, parce que la guerre propre n’existe pas.

 

Alexandre Anizy

 

P.S. : puisqu’on parle de guerre, Maryse Burgot notamment devrait s’efforcer d’être plus éthique et moins propagandiste dans ses propos et reportages en Ukraine.  

Dame Augustine de Lilian Douchet

Publié le par Alexandre Anizy

Pas très loin de l’étoile.

 

C’est la rentrée, alors en souvenir du réfectoire… parlons popote dans le XIIIème arrondissement de Paris, avec 2 bonnes nouvelles ! La première est qu’un jeune chef vient de s’y installer (Dame Augustine, avenue des Gobelins), et la deuxième est qu’il effleure une étoile. L’obtiendra-t-il à la fin de son année scolaire ?

Nous constatons d’une part que Lilian Douchet maîtrise l’art du dressage : la vue de ses plats est un enchantement. D’autre part il ose des mets et des associations de saveur, ce qui nous paraît indispensable quand on vise l’excellence bistronomique, mais d’autres sont beaucoup plus sages dans ce domaine.

Résumons notre aperçu : son oignon feuilleté à la glace olive est une fausse bonne idée (pouah ! la glace olive…), son œuf forestier satisfaisant, son dessert de figues est savoureux.

 

Voilà une nouvelle table sympathique dans le XIIIème : ne boudons pas notre plaisir !   

 

Alexandre Anizy

 

P.S. : l’avenue des Gobelins étant un axe relativement fréquenté, l’ouverture totale des baies de la salle n’est pas judicieuse par une belle journée d’été, parce qu’elle rend l’établissement particulièrement bruyant.

 

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