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La séance de Chadortt Djavann

Publié le par Alexandre Anizy

            Si Chadortt Djavann mérite d'être lue et entendue comme nous l'écrivions en 2008 dans un autre billet littéraire (1), il incombe aussi à l'auteur de soigner son style.

 

« Elle s'enferma dans sa loge, se maquilla, détacha ses cheveux, enfila la robe, se regarda dans le miroir sans s'y reconnaître. Elle but un double raki sec avant de monter sur le podium. Elle n'était pas danseuse professionnelle, mais la profession de danseuse lui allait à merveille. Elle fut étonnée de se sentir moins mal à l'aise devant une salle pleine que lors de l'essai devant le patron. Elle dansait et y prenait plaisir. Donner du corps à la musique. Elle avait le sens du rythme..... » (p.363 ; La dernière séance, Fayard, août 2013, 490 pages, 22 €)

 

            Elle, elle se répète terriblement, elle dialogue beaucoup... si bien qu'elle lasse.  Le livre nous est donc tombé des mains.

 Si elle se donne le temps, Chadortt Djavann pourra peaufiner le sillon qu'elle a commencé.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) http://www.alexandreanizy.com/article-20260073.html

 

Zoran Živković vaut mieux que Chevillard

Publié le par Alexandre Anizy

            Puisque Bernard Pivot a sorti un papier dithyrambique sur Eric Chevillard (son humour, son style, sa loufoquerie, etc.), il nous semble opportun de signaler les qualités de Zoran Živković.

 

            Si avec Dino Egger et Démolir Nisard nous n'avons pas réussi à pénétrer le monde de Chevillard, échappant ipso facto à l'abêtissement si l'on en croit Tiphaine Samoyault (1), lire L'écrivain fantôme (Galaade éditions, janvier 2014, 165 pages, 16 €) fut plaisant.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) : pour vous épargner la lecture du livre Pour Chevillard, lire la chronique de Patrick Besson (dans le Point).

 

Du pourrissement des pouvoirs

Publié le par Alexandre Anizy

            Une fois encore, l'Allemagne vient de montrer qui dirige vraiment cette union européenne qui n'en a plus que le nom. Avec l'habileté politicienne que l'on reconnaît à Mutti Merkel, ce pays à nouveau sous l'emprise d'une idéologie antidémocratique (l'ordo-libéralisme) a confié aux petits juges de Karlsruhe la tâche de dire "nein" à l'Europe des patries dont rêvaient De Gaulle et Adenauer, mais certainement pas les affidés atlantistes comme Jean Monnet. Vendredi 7 février, la Cour allemande a déclaré que la politique de rachat de dettes de la BCE est contraire au Traité : les modestes digues érigées péniblement pour sauver l'euro sont enfoncées.

            On note le cynisme de la décision des petits juges germaniques : après avoir délimité strictement la zone de pâturage, la Cour passe la corde à la chèvre luxembourgeoise. (1)

 

            En France, il paraît que la Caisse des Dépôts et Consignation est aux mains de "baronnies" : comme c'est son directeur général Jean-Pierre Jouyet qui le dit, un parfait exemple de la maladie enaïque qui ronge l'Etat social (2), en vertu d'une "régression nécessaire et impérative - there is no alternative, you know - et pour le plus grand profit des 200 familles (Cercle d'accapareurs que les Taittinger n'ont jamais quitté), on comprend qu'il a reconnu ses pairs.

            18 mois pour établir ce diagnostic fracassant : quel dirigeant performant !

 

            En France, un animateur besogneux, Yves Calvi, laisse un ministre pitoyable, Pierre Moscovici, qui semble avoir préféré, puisque l'objectif n'a pas été atteint au 31 décembre 2013, conter fleurette à une jouvencelle plutôt qu'œuvrer à "l'inversion de la courbe du chômage", insulter l'économiste Jacques Sapir (3).

            Que reste-t-il de la connivence quand on retire la "nuance" ?

            En la matière, le comble n'est-il atteint par Marianne (4) quand ce magazine, dirigé par le tricheur jouisseur Joseph Macé-Scaron (plagiaire notoire), titre sur "les nouveaux cyniques".

 

            Nous ne parlerons pas du pouvoir inexistant : le politique se soumet aux précédents.

 

Alexandre Anizy

 

(1) Lire l'article de Martine Orange

http://www.mediapart.fr/journal/economie/070214/la-cour-constitutionnelle-allemande-juge-illegale-la-politique-de-la-bce

 

(2)  http://www.alexandreanizy.com/article-21101706.html

        et

http://www.alexandreanizy.com/article-les-tartufes-socialistes-jean-pierre-jouyet-le-ponce-pilate-gracquant-43910658.html

        et

http://www.alexandreanizy.com/article-des-oeilleres-de-jean-pierre-jouyet-62812628.html

 

(3) Pierre Moscovici a dit péremptoirement dans "Mots croisés" du 3 février 2014 que Jacques Sapir est « vraiment d'extrême-droite ».

Pour Moscovici, nous vous renvoyons à notre billet de septembre 2008 :

http://www.alexandreanizy.com/article-22848282.html   

 

(4) Verra-t-on son ex-patron Maurice Szafran au chevet de Libération, puisqu'il déjeunait à la Closerie avec Bernard Guetta, gredin européiste et chroniqueur du dit journal, le mercredi 12 février à 13h15 ?   

Cynthia Fleury racole dans Libération

Publié le par Alexandre Anizy

            En sortant de la salle de sport, nous ramassons Libération sur le présentoir des gratuits (1) offerts par l'enseigne (c'est mieux que d'emballer le poisson, n'est-ce pas ?), car plus question d'acheter ce sermon libéral quotidien depuis belle lurette.

 

            Aujourd'hui, la parole est à la philosophe Cynthia Fleury qui vient soigner sa cote de notoriété en pissant un amphigouri brillant de son orthodoxie.

« Libération, c'est plus de quarante ans de vie démocratique, de combats intellectuels, de résistance de la pensée, quarante ans de la performativité du dire au service de la société... »

"de résistance de la pensée", quèsaco ? Un concept fleuryen ?

"de la performativité du dire au service de la société" : moyen de pression au service de la famille Seydoux dans les années 80 (à quoi sert le Figaro, les Echos, le Point... ?), etc. , de quelle action d'intérêt général Libération est-il l'énoncé ? Si la philosophe pressée voulait bien éclairer les lecteurs...

 

« La bataille qui se livre à Libération (...) Celle du travail, du pluralisme, de l'indépendance, du récit de nos vies singulières, celle du contre-pouvoir et de la régulation démocratique. »

            Il faut partager leurs idées ou bien n'avoir jamais lu la propagande d'un Jean Quatremer, d'un Bernard Guetta, ou d'un Eric Decouty (2) pour oser voir dans Libération un contre-pouvoir !

 

            Mais peut-être que Cynthia Fleury se fiche de Libération, de l'Humanité (3), comme du travail ? Elle n'interviendrait aujourd'hui que pour accroître sa part de marché médiatique, en quelque sorte.

            Ce n'est pas un délit. Mais quelle connerie !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) : à côté du Figaro, L'équipe, Auto-Journal, des magazines féminins, c'est une démarche commerciale honorable.

 

(2) : Extraits de l'éditorial du 11 février 2014 sur la votation suisse :

« Le vote anti-immigration » ;

« La majorité helvétique qui s'est exprimée dimanche illustre enfin le risque de contagion du discours glauque mêlant le sentiment anti-européen, le rejet des étrangers et le refus d'un supposé "système" politique. » « Il est encore temps d'expliquer que l'Europe et l'immigration sont une chance économique et culturelle pour toutes nos sociétés. »

On croirait lire un éditorial de Natalie Nougayrède, le style alambiqué en moins... voire le communiqué de presse d'un Commissaire bruxellois.

 

(3) : Cynthia Fleury y tient une chronique.

Crève Libération !

Publié le par Alexandre Anizy

            Un journal iconoclaste, autrefois, est en train de mourir entre les mains de capitalistes minables, qui rêvent de restaurant, de réseau social, de bar, d'espace culturel, etc. : une new MJL (1), quoi !  

 

            Déjà dans les années 80, sous la houlette d'un pacha maoïste hayekien en extase devant le cynisme politique du francisquain Mitterrand, Libé nous offrait le spectacle navrant d'un navire maquillé comme une vieille pute, d'où sortaient des machines le fumet nauséabond des papiers d'un Laurent Joffrin glosant sur "la gauche morale".

 

            Au Demorand, il n'y a plus rien.

           

            Alors, en vertu du principe schumpétérien de destruction créatrice que ne saurait renier ce petit monde bobo : crève Libé !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) : Maison des Jeunes "Libérés"

Le fatras de Joyce Carol Oates

Publié le par Alexandre Anizy

            Longtemps nous avons eu une prévention à l'égard de cette Américaine qui écrit plus vite que son ombre : Joyce Carol Oates. Par bonheur, nous commençâmes avec son roman Les chutes (1). Porté par un courant de sympathie et curieux de voir une autre version du monde universitaire de l'empire (force est de constater que nous abordons à nouveau Oates pour une raison particulière), nous attaquâmes Mudwoman (éditions Philippe Rey, 2013, livrel à 16,99 € - un prix honteux !).

 

            Attaquer est le bon mot, puisque c'est une mosaïque complexe, pour ne pas dire confuse, qui se tient entre les mains du lecteur perplexe mais bienveillant. Au bout du texte, c'est une histoire sans grand intérêt racontée dans un cadre narratif savamment déconstruit (Oates étant professeur de littérature, est-ce le résultat d'un exercice utile à son cours ?), mais dans un style déplaisant.

            Quel ennui !

 

            En ce qui concerne le monde universitaire, le roman de John Williams, titré Stoner , est d'un autre tonneau. (2)

 

            Et en ce qui concerne Joyce Carol Oates, nous disons qu'elle aurait pu être une feuilletoniste réputée pour sa qualité et sa quantité, au lieu d'encombrer de son fatras les rayons des bibliothèques. 

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) http://www.alexandreanizy.com/article-l-ascension-des-chutes-par-joyce-carol-oates-113984086.html

 

(2)     http://www.alexandreanizy.com/article-stoner-le-chef-d-oeuvre-de-john-williams-97200814.html